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Une plume de Vérité
21 janvier 2015

Scène 1 : Luna


Tocata Prima (Ensemble Amarillis)   

Ici, quand son histoire est devenue l'Histoire du Théâtre, il y avait un homme riche et influent. Son employeur. Elle, pauvre petite gogo danceuse de rien du tout, obligée de se dénuder pour payer ses factures. Il la voulait. Evidemment qu'il l'a voulait, c'était une beauté rare. Belle comme le jour, exotique comme la nuit, farouche comme une tigresse, une Lionne reine de sa Scène. Du moins en apparence. Car comme souvent la vérité est toute autre que celle dévoilée par ce masque blanc que l'on nomme si fiérement "Moi". Ici le Poète a su voir au travers ce masque vide et découvrir sa Vérité à elle. Celle d'une jeune femme à bout qui n'en pouvait plus du harcelement brutal et répétés de cet homme ignoble, profitant lâchement de sa position et de son argent pour lui faire proposition indécentes sur proposition indécente.

Que le lecteur sache ici en effet qu'ill lui offrait, de combler ses désirs matériels, ceux qu'elle, petite fille pauvre, obligée de montrer son corps à l'Homme obscène et avide pour payer la nourriture de son esprit, n'avait jamais pu assouvrir en échange de sa soumission. Non pas seulement de son corps, entendons-nous. Mais de sa soumission. De celle que recherchent les pratiquants du BDSM. Sauf qu'elle n'était pas une soumise. Qu'en elle ne résonnait pas le désir de se plier à l'Homme. Qu'il n'y avait jamais résidé. Mais voila, pour un peu de cet argent qu'elle appellait ses rêves, elle était sur le point de sombrer et de céder. De se soumettre ainsi contre sa nature la plus profonde, à un homme vicieux et stupide.

Le tragique ici est dans le fait qu'elle n'en avait même pas réellement besoin de ce travail destructeur. Son compagnon, un homme très bien qu'elle aimait de tout son coeur gagnait suffisament bien sa vie pour deux. Mais non, elle voulait son indépendance financière pour ne pas se sentir soumise à lui. L'homme qu'elle aimait. L'homme qui l'aimait. Et qui ne voulait en rien la soumettre.


Et le tragique, toujours, appelle le Poète. Ici il la croisa en l'un de ces lieux virtuels ou la fange se se vautre dans la bassesse et où toujours s'échouent les âmes en peines. Car après tout....

Dans les mots

Dans les mots se délient les troubles discordants
Des cœurs endoloris avançant au hasard
De vies endommagées où meurent lentement
Les rêveries d'enfant qui les rendaient à part.

Dans les mots interdits les âmes s'assouvissent
Et cherchent les échos des souffrances indues
Expulsées dans le stupre, oubliées dans le vice
Cachant leur profondeur derrière le superflu.

Dans les mots se surjouent sans cesse les passions
Qui tourmentent les hommes, pervertissant encore
De la même façon, poussant la frustration
De vies trop fatiguées peut-être un peu trop fort.

Dans les mots il y a trop de facilité
A oublier les maux qui parsèment des vies
Agonisant en chœur sans même le noter
Occupées qu'elles sont par leurs sombres envies.

Oui mais le Poète est roi des mots. Oh il n'a pas encore sa couronne à l'époque, j'en conviens, mais ici le masque qu'il porte - et que le lecteur ne connaît pas encore - est très particulier. Il est l'oeil qui voit tout. Le "Regard Anonyme" posé sur votre vie. Dans ce monde-là, tel est le Poète qui s'ignore encore, mais qui ici fini de forger son oeil perçant capable de saisir les maux et les cris trop retenus.

Il était fatal, dès lors que son chemin croisa celui de cette femme ici en ce lieu où régnait la folie et qu'il décide de se faire narrateur de cette Histoire qui se contait pour lui. Aussi s'y invita-t-il sous les traits d'un Maître d'un genre spécial d'apparence un peu trop sûr de lui et de son pouvoir. Le lecteur notera ici que le Poète assumait son nom, déjà. Pour elle il est très vite devenu Lucas. Mais ce Lucas-là n'était qu'un prénom apposé sur l'Oeil qui voit tout, pour le personnaliser un peu. Il restait le Regard Anonyme. Celui qui voit.

Et que vit-il en outre le tableau brossé un peu plus haut ? Beaucoup de choses. Beaucoup trop pour ici les rapporter toutes. Parmi les plus intéressantes à relever :
Une enfance passée enfermée dans un dogme religieux pour lequel la femme était inférieure à l'homme et ne pouvait sortir de chez elle le visage dévoilé.
Des parents tout à fait toxiques et particulièrement défaillants, une mère soumise a son mari, loin, là-bas, en ces terre d'Afrique dont elle était désormais exilée, après avoir de justesse échappée à un mariage contraint et s'être du même coup attirée l'ire et l'opprobre de cette belle et grande famille si aimante quand elle était enfant, pourtant.


Et son père, premier mari de sa mère, l'ayant répudiée pour une autre ici en France, absent, encombré par cette fille métisse et trop libre à son gré. Pour ses parents elle était "La folle" ou "le fardeau".


Et sa soeur. Sa jumelle. Que le lecteur veuille bien comprendre ici qu'elle était la jumelle parfaite. Qu'elle était celle que l'on portait aux nues. Qu'ils comprennent aussi que les deux étaient de vraies jumelles, fusionnelles. Quoiqu'il en soit, voici ce que l'Oeil qui sait tout, a vu.
Voici la vérité de cette enfant qui ne pourra plus jamais s'exprimer, par les Mots du Poète.


Lacrimosa

 

Spleen : De Profundis


Ô plume délétère apposée en ma vie
Sois donc le vaisseau ici de ce Récit
Que leurs âmes s'envolent et puissent alors trouver
Encore un peu en eux un reste de Magie.

Ô froideur de la mort étouffant la clarté
En la vie imposée par l'étrange beauté
Contenue en Gaïa, un instant laisse-moi
Insuffler en mes mots ses malheureux émois.

Ô toi qui es partie permet-moi de conter
Le Vrai sis en tes maux, libérant un amour
Qui n'a jamais vraiment oser se dévoiler.

Ô souffle persistant contenu en son cœur
Toi qui vivras en moi jusqu'au dernier des jours
Viens donc nous libérer du poids de tes malheurs



Et qu'a-donc-t-il vu, cet Oeil, ô Poète, se demandera alors le lecteur. Et bien il a vu une enfant aimante. Une jeune fille si pleine d'amour qu'elle voulait plaire à tout le monde pour les rendre heureux. Car rendre les gens heureux était tout ce qui importait à ses yeux. Elle était Chantre de la Paix. Une enfant désireuse de concilier les désirs de ses parents avec les appels de liberté émanant de cette soeur si forte, si rebelle et si libre qu'elle admirait tellement par ailleurs


Et elle souffrait cette enfant. Elle souffrait tant. Elle souffrait de voir cette soeur chérie, l'autre moitié de son âme, celle dont elle admirait l'esprit vrai et le coeur Beau, elle souffrait de la voir ainsi rabaissée en permanence par ceux qu'elle aimait pourtant tout aussi fort.


Alors elle a voulu leur montrer. Être un peu plus comme elle, son autre moitié. Montrer aux autres et probablement à elle-même pourquoi elle était si belle. Oui mais voila, des meilleures intentions découlent souvent les pires maux, et loin de montrer aux Autres à quel point sa soeur était belle, elle ne fit que qu'attirer sur elle leurs foudres. Il l'accusèrent d'avoir corrompu l'Ange de perfection qu'ils s'étaient forgés. Ils la mirent plus que jamais à l'index. Au point qu'elle en fut presque brisée.
Evidemment, pour celle dont ici le plan se voyait retourné contre elle de la plus cuisante des façons ce fut un coup terrible. Elle fut désespérée. Chercha une issue. N'en trouva pas. Et là, ivre de remords, de honte de culpabilité, et, au fond, d'Amour, elle mit fin à ses jours.


Evidemment que sa soeur en fut brisée. Evidemment qu'elle voulu mourir. Oui mais voila, vivre il fallait. Prendre la place de cette soeur qu'elle croyait partie par sa faute, pour avoir voulu l'imiter et s'y être brulée les ailes. Evidemment que c'était légitime de penser ainsi. Mais l'Oeil voyait et l'Oeil savait. Car c'était l'Oeil du Poète encore en train de se chercher mais ici déjà en train de chercher à guérir. A la guérir elle. Oui mais voila, sa psychée déjà fragile avait subi un coup fatal. Et elle se brisa en mille morceaux. Ou plutôt en deux, ici. L'Ange et le Démon.


Le lecteur veut peut-être savoir ce que fit le Poète face à une telle situation ? Il se fit mal à lui-même. Très mal. Car le Poète n'est qu'Amour et cherche avant tout à soigner, à son propre détriment. Il s'insinua dans la vie de cette jeune femme. Devant son ami. Lui montra les clés de ce qu'elle était. Parvint à lui faire toucher du doigt la Vérité sur sa soeur. Il lui rendit le sourire. Un sourire qui faisait mal au Poète car il savait qu'il ne pourrait pas le garder pour lui. En aucun cas. D'autant qu'il lui fallait régler un dernier point. Il fallait lui donner la force qui lui manquait pour affronter la vie. Il fallait aussi s'assurer qu'aucun homme n'aurait les armes pour la soumettre de nouveau.


Alors le Poète la soumit. En douceur, d'abord. Peu à peu. Lentement. Avec mille précautions. Puis un soir alors que la soumission était vraiment assumée, que la dominance était établie, au détour d'une conversation banale elle lança au Poète un regard qui lui transperça littéralement le coeur. Lui déchira l'âme. Le regard d'une femme si profondément amoureuse qu'elle en était transfigurée.


Un regard qui lui en rappela un autre, qu'il cherchait désespérement à oublier. Le même, aussi pur et aussi Beau, mélange de respect, de reconnaissance épérdue et d'Amour. Un regard que le Poète ici pris comme un violent rappel à l'ordre du Destin. Il était temps pour lui de parachever son oeuvre et de quitter la Scène.


Alors il se fit brutal. Alors il alla jusqu'à exiger ce qu'elle ne pouvait accepter et même plus encore. Et elle acceptait toujours. Un autre aurait peut-être renoncé. Mais pas lui. Pas le Poète. Non. Il attendit le dernier moment, celui qu'elle redoutait plus que tout autre, celui où il avait juré de la liberer après une dernière heure à lui.
Et il la poussa trop loin. Si loin qu'elle se rebella. Qu'elle refusa de supporter le joug du Poète plus longtemps. Et qu'il fut banni de sa vie, assuré qu'il était qu'aucun autre jamais ne la dominerait contre sa volonté. Après tout il venait de placer sur elle une marque indélébile, la marque du Poète.


Oh elle essaya, quelques temps plus tard, pourtant, de revenir vers lui, mais il ne montra aucun signe d'humanité face à elle, alors que son coeur saignait aux mots qu'il écrivait. Mais il était presque vraiment devenu le Poète à ce moment-là et savait déjà qu'il ne fallait pas lui laisser d'espoir.

Que reste-t-il ici à dire ? Rien. Rien sinon que le Poète n'oubliera jamais Luna, folle fille de la lune et se souviendra toujours de Naomie, cette jeune femme perdue.

La Commedia é Finita.

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